Mademoiselle Jacqueline Mazon
C'est un faire-part de décès du 30/12/2008, adressé à Mme Gilberte COMTE, qui nous apprenait le décès de notre vieille amie. Elle avait 90 ans.
Jacqueline Mazon, bien qu'elle ait quitté l'Ardèche depuis 1998 pour regagner sa maison familiale, située à Châteauvert 18500 ALLOUIS dans le Berry, était restée fidèle à Cévennes Terre de Lumière dont elle était adhérente depuis sa fondation en 1976. Elle n'omettait jamais de nous passer un coup de fil chaque fois qu'elle recevait le nouveau bulletin. Ceux qui l'ont connue savent combien elle était mesurée dans ses jugements : nous en appréciions d'autant plus ses félicitations pour la qualité de notre travail et nous y étions sensibles. Comme nous n'avions pas reçu de ses nouvelles depuis quelque temps, nous étions inquiets. Hélas, le faire-part reçu quelques jours peu après Noël devait nous donner la raison de ce silence.
Jacqueline Mazon avait été enseignante, professeur de lettres au Lycée Gimond. A sa retraite, elle resta active, se consacrant à donner des cours d'alphabétisation aux habitants des Oliviers dans le cadre de différentes associations dont le M.R.A.P. (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), où elle militait. Mlle. Mazon avait vécu et enseigné en Tchécoslovaquie où elle avait gardé des amitiés et qu'elle avait visitée de nombreuses fois. Elle passait aussi beaucoup de temps à faire rééditer (et non « réimprimer ») les œuvres de son illustre grand-père, Albin MAZON, aussi connu sous le pseudonyme de Docteur FRANCUS. Pourquoi insistons-nous sur ces deux termes : « rééditer » et « réimprimer » ? Parce que Mlle. Mazon attachait une grande importance à ce que les rééditions des ouvrages de son aïeul ne soient pas de simples « réimpressions » à l'identique, ce qui aurait été plus simple ! mais tenait à ce qu'ils soient enrichis de mises à jour, d'adjonctions, de notes explicatives, et d'illustrations. Elle s'était tournée pour cela vers tous les spécialistes des disciplines qui avaient bien voulu collaborer avec elle (Henri Saumade, pour l'archéologie, Georges Naud, pour la géologie, Marie-Louise Messié, Georges Massot, pour la toponymie, etc.) Dans les dernières années, notre père Raymond Comte, dont elle admirait le « coup de crayon », avait, à sa demande, réalisé un grand nombre d'illustrations originales, en particulier pour la réédition de « Voyage dans le Midi de l'Ardèche ».
On savait moins, même si, à parler avec elle, on se doutait qu'elle avait une vaste culture, qu'elle était d'une famille de lettrés : son oncle Paul Mazon était le grand helléniste, membre de l'Institut, professeur au Collège de France, qui réalisa la traduction française des œuvres d'Homère et d'Hésiode. Sa mère Jeanne Roche Mazon, était auteur de contes. Son père André, slavisant, lui aussi membre de l'Institut et professeur au Collège de France, était spécialiste de Tolstoï. Il a écrit une grammaire russe, toujours utilisée. C'est lui qui avait été sollicité en premier pour entreprendre les rééditions des œuvres d'Albin Mazon et qui a passé le flambeau à sa fille.
En conclusion de cet hommage, nous citerons un extrait du texte que nous a adressé sa famille en réponse à notre lettre de condoléances :
Votre lettre nous a beaucoup touchés. Nous savons la perte que représente pour vous cette disparition. La santé de notre tante s'était beaucoup dégradée depuis le 23 décembre mais elle est partie dans son sommeil, dans la propriété où elle était née.
La famille de J. Mazon
Ces quelques mots la décrivent bien : intègre, attachée aux siens et à leur mémoire, fidèle à ses racines. Mlle Mazon était une personnalité hors du commun et nous continuerons à penser à elle, à son œuvre, avec infiniment de respect et d'affection.
PS. Nous remercions les familles Mazon, D'Hont et Zehnacker pour avoir relu ce texte et nous avoir suggéré quelques lignes relatives à André Mazon.