Tour et vestiges de l'église paroissiale
Au voisinage du village de Concoules, on peut voir les vestiges d'une petite église et une imposante tour, deux monuments intéressants, mais complètement délaissés. Tous deux sont pourtant inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1982. On peut se demander ce que signifie cette inscription lorsqu'on voit l'état d'abandon dans lequel se trouvent ces édifices.
La toiture de la tour, explicitement mentionnée comme élément inscrit, s'est effondrée en 1986 et l'un des deux jambages du clocher de l'église s'est écroulé il y a quelques années, sans que personne ne se soit soucié de le consolider avant qu'il ne soit trop tard. Personne bien sûr n'a non plus envisagé de le remonter. L'opération n'aurait pourtant présenté guère de difficulté au moment où toutes les pierres gisaient encore à son pied... ce qui n'est évidemment plus le cas aujourd'hui.
Il serait urgent qu'on se préoccupe enfin du sort de ces deux monuments.
Le hameau de Concoules, qui appartient à la commune de Lespéron, est situé juste au-dessus de l'Allier dont le sépare la voie ferrée de la ligne Clermont-Ferrand - Nîmes. La tour et la chapelle sont à quelques centaines de mètres du village. Extérieurement, la tour a encore fière allure. Haute d'une vingtaine de mètres, de dix mètres de côté, elle est construite en pierres de granit soigneusement appareillées. Les fenêtres sont rares, mais assez grandes ; la plupart sont agrémentées de moulures, un linteau est décoré d'une accolade et il semble qu'il y ait eu des meneaux à certaines d'entre elles. Un escalier extérieur à double volée permettait d'accéder au premier étage, mais il n'est plus qu'un tas de pierres. L'intérieur de la tour est malheureusement complètement ruiné, car la toiture s'est effondrée en 1986 sous le poids de la neige et n'a pas été remise en état. M.L. Barbaray1 avait pu y pénétrer alors que la toiture était encore en place et avait atteint le premier étage « par un double escalier Renaissance ». Cet étage « se composait d'une très grande salle éclairée par une large fenêtre. Sur chaque côté de l'embrasure était un banc de pierre. […] Dans cette salle tout un mur soutenait une vaste cheminée de pierre, surmontée d'un manteau de plus d'un mètre. […] Aux deuxième et troisième étage, on retrouvait la même architecture. Au pied de la tour, sous l'escalier Renaissance, une voûte cache une porte moulurée, elle s'ouvre sur une sorte de cave voûtée… » On remarque encore que la plupart des pierres d'angles sont à bossage et peut-être certaines étaient-elles sculptées. Il s'agissait donc d'une construction soignée.
Mais que savons-nous de ce monument ? Bien peu de choses en vérité. On ignore la date de sa construction, on ne sait pas non plus si ce fut le donjon d'un château, dont on n'a trouvé aucune trace et quel pouvait être son rôle.
Nous disposons d'un peu plus de renseignements au sujet de la petite église voisine de la tour, dont malheureusement il ne restera bientôt plus rien. Seule subsiste la façade ouest percée d'un joli portail gothique et surmontée, il y a encore peu d'années, par les deux jambages d'un petit clocher.
L'un de ces jambages qui, depuis plusieurs années, penchait dangereusement s'est écroulé dans l'indifférence générale durant l'hiver 1997-98.
En se référant au cartulaire de l'abbaye Saint-Chaffre du Monastier, A. Mazon2 indique que, comme nombre d'autres églises du diocèse de Viviers, Saint-Sébastien de Concoules faisait partie des possessions du prieuré de Langogne, lui-même dépendant de St-Chaffre. Elle fut église paroissiale jusqu'à la Révolution.
1 - BARBARAY M.L. Des sources de l'Allier aux sources de l'Ardèche et de la Loire. Nîmes : Lacour, 1989.
2 - MAZON A. Notes sur l'origine des églises du Vivarais. Privas, 1891-1893.